Conte de Mars et Avril – Quand la Guerre rencontre l’Amour
Mars et Avril : les amants célestes
Il était une fois, aux temps où les étoiles brillaient plus près de la Terre et où les dieux marchaient parmi les hommes, deux mois qui n’étaient pas encore des mois, mais deux êtres vivants : Mars, le dieu de la guerre, et Avril, douce Vénus, déesse de l’amour et de la beauté.
Vénus était l’épouse de Vulcain, le forgeron divin. Mais leur union était froide comme la pierre d’une montagne en hiver. Vulcain, malgré son génie, portait dans son corps la marque de sa chute : difforme et boiteux, il n’avait pas reçu le don de plaire aux yeux. Vénus, elle, incarnait le printemps éternel. Ses cheveux dorés semblaient capturer la lumière de l’aube, et ses yeux, couleur d’azur, reflétaient les promesses des jours heureux.

Quand la Guerre rencontre l’Amour
Un jour, au détour d’un banquet céleste, Mars la vit. Lui, le guerrier au regard de braise, habitué aux cris des batailles et au sang versé, resta sans voix devant ce visage de paix. Vénus, habituée aux regards d’admiration, fut pourtant troublée par celui de Mars. Dans ses yeux brûlait la passion brute, sauvage et irrésistible.
Ce fut d’abord un échange de regards, puis quelques mots à l’écart, comme des murmures volés au brouhaha divin. Peu à peu, leurs rendez-vous se firent plus fréquents, à l’ombre des bosquets de l’Olympe, ou dans les jardins suspendus, lorsque le ciel se teintait d’orange au crépuscule. Mars déposait à ses pieds des fleurs de champs de bataille, rares et fanées, mais pour lui, précieuses comme des trophées. Vénus, en retour, lui offrait des rubans parfumés qu’il nouait autour de son poignet comme des talismans.
la légende et la rumeur
Mais l’Olympe est un monde où rien n’échappe aux rumeurs… et Vulcain finit par apprendre la trahison. Alors son cœur, forgé dans le feu et la douleur, se mit à battre au rythme d’un plan de vengeance.
Dans le secret de son atelier, il façonna un filet merveilleux, invisible à l’œil nu, tissé d’or et d’airain, léger comme une brume d’été mais solide comme le destin. Ce filet, il l’attacha à son lit nuptial. Puis, feignant de partir en voyage, il laissa Vénus seule, sachant que Mars, attiré par la beauté de la déesse, viendrait.

La vengeance d’un Dieu
Le piège se referma. Alors que Mars et Vénus s’étreignaient, le filet tomba sur eux comme une toile divine. Ils se retrouvèrent prisonniers, enlacés, incapables de bouger. Vulcain, d’un rire amer, appela tous les dieux de l’Olympe à assister à leur humiliation. Les immortels, mi-choqués, mi-amusés, éclatèrent de rire. La beauté et la guerre, capturées par le feu et la ruse.
Cependant, même la vengeance des dieux ne put briser l’élan qui liait Mars et Vénus. Leur passion survécut à la honte publique, et dans le cœur des hommes, elle se grava à jamais : Mars, le mois du renouveau des batailles, et Avril, le mois où l’amour fleurit, porteraient pour l’éternité leur nom.
Et c’est ainsi que, chaque année, Mars ouvre la marche avec fracas et force, suivi d’Avril, doux comme un baiser, rappelant que même au milieu de la guerre, l’amour trouve toujours un chemin.
Les hommes n’oublièrent jamais leur histoire. Alors, lorsque le cycle des saisons fut créé, ils donnèrent à deux mois consécutifs leurs noms : Mars, mois du Bélier, où la vie reprend son élan avec fougue ; et Avril, mois du Taureau, où la nature fleurit et où l’amour s’enracine.

Depuis, les fleurs porte-bonheur de cette union céleste continuent de croître au printemps :
- Le houx protège les foyers et éloigne les mauvais esprits.
- La pâquerette rappelle l’innocence et la fidélité.
- La violette ouvre le cœur à l’amour sincère.
- Le muguet, qui apparaît à la fin d’Avril, promet le bonheur retrouvé.
Et chaque année, lorsque Mars cède la place à Avril, c’est comme si le guerrier déposait ses armes aux pieds de la déesse… pour qu’à travers elle, l’amour et la beauté triomphent encore une fois du tumulte des batailles.