Quand la peur rencontre la gratitude
Témoignage – Lundi 22 mars 2020
Une sortie forcée en plein confinement
Ce matin-là, le silence pesant du confinement me serre le cœur. Mais je dois sortir. Mon souffle est court, une bronchite asthmatiforme m’affaiblit. Mon mari prend le volant, 45 minutes de route m’attendent pour consulter mon médecin.
Le diagnostic et une phrase bouleversante
Après l’attente, la consultation. Le verdict tombe, sans surprise mais avec un certain soulagement : bronchite asthmatiforme. Diagnostiquée, je repars avec sirop, Ventoline et paracétamol.
Direction la pharmacie. Masque sur le visage, gants aux mains, j’entre, un peu fébrile, un peu honteuse aussi de tousser.
Dans l’atmosphère tendue de la pandémie, le moindre symptôme fait peur — aux autres, mais aussi à moi-même.
La pharmacienne me tend mon sac de médicaments. Ses yeux, au-dessus de son masque, me regardent avec douceur. Et elle me dit simplement :
« Prenez bien soin de vous. »
Ces mots me traversent, me réchauffent, me font pleurer.

Les larmes et l’impact d’un simple regard
Je remonte vite dans la voiture où mon mari m’attend. Dès que je referme la portière, les larmes jaillissent. Je m’effondre, bouleversée.
Les mots de cette femme, son courage silencieux, sa présence… tout m’ébranle. Et puis cette vérité brutale : nous sommes tous vulnérables.
Envahie par l’émotion, je compose le numéro d’Alex, peu à peu je retrouve un semblant d’équilibre intérieur.
Une mission du quotidien transformée en épreuve
L’arrêt au supermarché malgré la peur
Sur le chemin du retour, je demande à mon mari de s’arrêter au Lidl de Villeneuve-sur-Yonne, juste au bord de la route.
Je suis en panne de liquide vaisselle pour nettoyer les biberons de notre petite pépette de 11 mois, couverte de boutons de varicelle.
J’espère aussi pouvoir prendre quelques bouteilles d’eau… s’il n’y a pas trop de monde.
Mon mari me regarde, inquiet, et me dit qu’il préfère rester dans la voiture, pour éviter tout risque de contamination. Je comprends… et j’y vais seule.
Une peur irrationnelle… et un déclic
Toujours en ligne avec Alex, je lui confie ma peur d’entrer dans le magasin. Mon cœur bat trop fort, mon souffle est court.
Mais soudain, l’image de la pharmacienne me revient en mémoire. Son courage, sa simplicité. Une vague d’émotions me submerge… et parmi elles, la colère.
Oui, la colère d’être si vulnérable, de devoir sortir malgré tout, de chercher du liquide vaisselle comme si de rien n’était pendant que le monde vacille.
Alors je décide d’en faire une force. Je vais transformer cette colère en énergie.
Des rayons vides et une indignation salvatrice
J’entre, le magasin est presque vide. Je me dépêche, attrape des packs d’eau près de l’entrée, et me dirige vers le rayon des produits ménagers.
Et là… je reste figée. Les étagères sont vides. Complètement. Plus un seul flacon de liquide vaisselle. Juste quelques produits pour les toilettes.
Et là, impossible de me retenir. À haute voix, sans filtre, je m’exclame :
« Les gens sont vraiment stupides ! Le liquide vaisselle ne désinfecte pas ! Par contre, les produits WC, eux, oui ! »
Je suis révoltée. Comment peut-on, en pleine crise, agir avec aussi peu de discernement ?
Ce jour-là, je perçois crûment la misère de l’instinct humain, cette peur qui rend égoïste et irrationnel. Emportée par ma colère, je me mets à déambuler dans les allées.

L’affrontement final en caisse
Arrivée à la caisse, une dernière épreuve m’attend. Les clients derrière moi collent presque mon dos, ignorant les gestes barrières.
L’indignation monte à nouveau. Alors je me retourne, les yeux bien ouverts, et je lance, fort et clair :
« Je tousse, vous savez… »
Effet immédiat : tout le monde recule. Enfin, l’espace. Enfin, le respect. Ironique, non ? Il faut que je menace involontairement pour qu’on m’accorde un peu d’air.
Avant de partir, j’adresse un mot à la caissière, protégée derrière son masque. Je la félicite pour son courage. Elle hoche la tête et me répond doucement :
« Ça fait du bien d’entendre ça… »
Un miracle inattendu
Un flacon tombé du ciel
Et puis, alors que je commence à déposer mes achats sur le tapis, un client s’approche discrètement.
Il glisse un flacon sur le tapis roulant et me murmure :
« Tenez, je vous en ai trouvé un. »
C’était du liquide vaisselle. LE liquide vaisselle. Celui que je cherchais.
Il s’éclipse aussitôt, presque comme une apparition. Dans un élan, je lui crie :
« Merci… mille mercis ! Vous êtes un amour ! »
La loi d’attraction en action
Je suis bouleversée. Ce petit geste me touche au plus profond de l’âme.
Ce cadeau, ce dénouement inattendu, cette réponse silencieuse de l’univers…
Je sors du magasin les larmes aux yeux, le cœur rempli.
Et je le comprends, là, très fort : la colère n’est pas une ennemie.
Quand elle est canalisée, elle devient un moteur. Elle m’a poussée à avancer malgré la peur.
Et dans ce mouvement, j’ai ouvert une brèche… par laquelle la vie a glissé un miracle.

Une révélation vibrante
Ce jour-là, j’ai compris une vérité que seuls les moments extrêmes peuvent révéler.
La peur était légitime, tout comme ma colère. Ensemble, elles ont fait monter une énergie brute, sincère, vibrante.
En l’exprimant, en la laissant circuler, j’ai libéré un fluide magnétique.
Ce fluide a agi. Il a attiré la bienveillance d’un inconnu, la reconnaissance d’une caissière, un dernier flacon de liquide vaisselle presque tombé du ciel…
Ce n’était pas un hasard. C’était l’écho d’un cœur vivant, touché, et prêt à recevoir.
Car dans la loi d’attraction, ce n’est pas ce qu’on veut qui répond, c’est ce qu’on vibre. Et ce jour-là, j’ai vibré fort.